Tourelle de pisé

Avide d’histoires, à en dormir debout, elle ne résistait jamais à la tentation de caresser son muret de papier, un peu comme si elle cherchait que s’infuse, en elle, les verveines et les cannelles qui la réchauffaient intérieurement. Chaque brique de mots constituait l’édifice qui la construisait chaque jour un peu plus et c’est pourquoi elle aimait, à chaud, les enduire du stuc de ses paumes témoignant de l’agrégat d’une vie en cours. Elle se laissait lier à elles et le mélange des consistances nourrissait la matière organique de son imagination. Bien sûr, elle ne retenait pas tout et souvent, idem à l’eau et au sable, les apprentissages filaient entre ses doigts. Toutefois, ces œuvres de terre constituaient le coffrage de son pisé. Et aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, cette compression intérieure lui donnait l’élan de ses envols. Sa tour de Pisé abritait désormais un barème de fécondité tel, qu’elle distribuait à la volée, ses cafés et liqueurs aux oiseaux pétillants.

© Les faits Plumes

© Josep Maria

8 réflexions sur “Tourelle de pisé

  1. Je trouve ma chère Delphine que c’est si joliment bien écrit, plein de sensibilité et de réalisme. C’est une très belle description lu tableau.
    D’ailleurs la photo en contre-plongé est des plus séduisante.
    Bisous ma belle Delphine. C’est un plaisir de te lire même entre les lignes, une saveur au goût de café très fort. Merci pour ce partage. Re-bisous tout doux.

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