J’étais petite… Je volais déjà de mes propres ailes. A vrai dire, je n’en avais nullement conscience… D’ailleurs, qu’est ce que cela m’aurait apporté ?  J’ai même envie de dire…  Tant mieux !  Cela m’a permis d’avancer plus vite. C’est aussi sans doute pour cela que je n’ai pas peur du vide… En tant que jeune fillebellule aux ailes frêles… j’ai trouvé une parade pour ne pas tomber. L’idée m’est venue en mâchant du bubble-gum : toujours garder en main un  ballon de sécurité !  Je l’ai rationnellement voulu rose… Non, ce jour-là, ma rationalité n’était pas limitée…

Je vous assure, je ne l’ai pas choisi rose  parce que je suis une fille. Permettez-moi d’avoir un peu plus de personnalité… Je me suis juste dit que quand je regarderais à travers,  je verrais la vie en rose…. Comme Édith, je laissais enfin entrer dans mon cœur, une part de bonheur dont je connaissais la cause et ça me faisait quelque chose …. Vous savez ? Comme des petits papillons dans le ventre….

Au début, je vous l’accorde, cela fait bizarre, ce n’est pas très agréable !  C’est comme si l’on était tout à coup transpercé de sensations… ça part du ventre et ça se lit sur le visage. C’est affolant… d’être percé à jour…  jusqu’au moment où l’on imagine sa tête en forme de passoire. ça aide à assumer ses émotions et à se mettre à la place des autres…

Surtout pour en rire ! Depuis que j’ai intégré le fait d’être une passoire sensationnelle, je peux vous dire que quand j’ai mauvaise mine,  je relativise ! C’est la même chose lorsque l’on me dit « tu es lumineuse aujourd’hui ». Pas étonnant ? Ne le dites pas mais cela me vaut quelques parties de fous rires intérieures… Je les entasse et les range dans mon cœur pour les fois où c’est moins drôle… Mon cœur c’est le seul endroit qui n’est pas percé. Cela permet de rire de bon cœur du moins joyeux.  De toute façon les jours moins drôles, je porte ma jupe rose… Cela me rappelle mon ballon, sauf qu’en grandissant il m’a bien fallu apprendre à garder les pieds sur terre…

Mais ne vous y trompez pas, cela ne m’empêche pas de regarder souvent en l’air… Vous savez, il faut avoir les pieds bien sur terre pour avoir la tête dans les nuages…

C’est comme pour la farniente, il faut être drôlement travailleur pour exiger son droit au repos et comprendre l’utilité de ce que certains conçoivent comme inutile. Non mais c’est vrai! Vous avez déjà vu une rose trémière se la couler douce sans avoir traversé un chemin semé de béton et fait des pieds et des mains pour trouver l’espace suffisant qui lui permettra, enfin, de saluer le soleil ? Même le nain d’Amélie se l’est coulé douce au quatre coins du monde , pour la bonne cause ! Faut pas être Jeunet pour comprendre ça !

De toute façon, quand j’ai besoin d’évasion et de prendre de la vitesse, j’enfile mes patins à roulettes rose et je file… dans le sens du vent. Je me sens alors légère , légère, légère , et je roule … jusqu’à sentir l’odeur damasienne des roses… Enivrante et exultante….

Dans ces moments, je sais que le rose est une couleur de l’arc-en-ciel…

© Les faits Plumes