Certains(es) colorent leur nez en rouge pour camoufler leur peine derrière des éclats de rire….

D’autres, maquillent leurs lèvres pour colorer leur féminité et assumer le rouge éclatant de leur sangsualité….

Au départ, ce geste anodin n’est qu’un jeu clownesque méritant quelques éclats de rire….

Il permet l’expression artistique d’une émulsion profonde dont le corps sert de support à l’aube de l’envol du rouge gorge, parti la gorge un peu serrée…

Le geste devient le support d’un corps expressif devenu expression ne voulant pas être condamné au silence… parce qu’ayant intériorisé très tôt que l’expression de sa féminité lui vaudrait quelques désamours maternels…

En grandissant, le corps marqueur devient singulier. Les lèvres bavardes et avares réclament de jouir de la même distinction que le nez rouge : celle qui cache pour réparer, celle qui montre pour affirmer, celle qui exagère pour te gêner …

Et puis le temps passant, le geste devient de plus en plus beau, de plus en plus précis, de plus en plus spontané. Il est routinièrement salvateur et arrose les mots qui sortent de ces lèvres révélées, d’une présence construite à l’ombre d’une féminité initialement mal menée…

Au prétexte que l’on m’aurait voulu garçon…

Et pourquoi pas autruche ?

Le temps passant, le geste s’invisibilise, le bâton cède la place au pinceau qui reflète peu à peu le tableau d’une blessure…

Tu me voulais garçon.. J’étais fille…Tu ne me voulais pas belle… D’ailleurs tu dessinais mon portrait sans cheveux…

Je n’ai pas voulu faire l’autruche…

Je n’avais pas à payer, j’ai choisi la paix….

© Les faits Plumes